Le manque de transparence sur l’origine des biens que nous consommons ou produisons se traduit aujourd’hui par une forte augmentation du nombre d’affaires. À titre d’exemple, on peut citer la contamination du lait infantile du groupe Lactalis en 2018, les problématiques sur la production du Boeing 737 en 2019 dues à la complexité des chaînes d’approvisionnement et de logistique ou encore la publicité mensongère du groupe Volkswagen avec le Diesel Gate.
Dans ce contexte où les chaînes de valeur et les écosystèmes se complexifient fortement, il est crucial de regagner la confiance des consommateurs. C’est dans cette optique que la technologie Blockchain peut intervenir afin d’apporter un niveau de transparence accru.
Panorama des projets dans la traçabilité blockchain
Parmi les secteurs auxquels la blockchain peut apporter une vraie valeur ajoutée, on retrouve par exemple celui du luxe. Ainsi LVMH accompagné par ConsenSys et Microsoft a récemment annoncé le lancement de la plateforme Aura afin de répondre aux problèmes de contrefaçon des produits du groupe. La start-up Everledger, fondée en 2015, permet la traçabilité des diamants de la mine à son propriétaire tout en enregistrant l’ensemble des mouvements et intermédiaires. Cette solution a pour objectif de combattre la fraude et de pouvoir garantir l’authenticité sur ce marché du diamant.
Des problématiques de traçabilité sont également identifiées dans le transport maritime. La société Maersk, avec sa solution TradeLens, une infrastructure partagée comptant déjà plus d’une centaine d’acteurs (transporteurs, ports, douane, sociétés de logistique etc), devrait permettre une meilleure circulation de l’information et ainsi réduire les temps de transit et d’attente. Dans ce cas précis, la Blockchain permet à tous les acteurs d’une même chaîne de valeur d’avoir accès en temps réel à une même vérité sur l’état d’un conteneur.
L’industrie pharmaceutique accuse également de nombreux cas d’usage et d’un très fort potentiel. En particulier dans le cadre de la lutte anti-contrefaçon pour les médicaments. La fraude constitue un marché d’environ 200 Milliards de dollars par an et concerne en particulier le continent africain. Pire, selon l’OMS ce sont 700.000 vies humaines par an qui pourraient être sauvées en éradiquant ce trafic. C’est la société Chronicled qui en 2016 se penche sur la problématique avec le projet Cryptoseal.
D’autres projets dans le domaine de l’aéronautique sont également à l’étude, tant sur les chaînes de production d’avions que sur les cycles de maintenances.
Les domaines d’intervention sont donc cross-industry et représentent un fort potentiel pour l’amélioration de la transparence vis à vis du consommateur final et l’excellence opérationnelle. Cette méthode de traçabilité est actuellement en fort développement dans l’industrie agro-alimentaire…
La blockchain dans la traçabilité alimentaire
Alors qu’un nouveau scandale alimentaire vient d’exploser en France il y a quelques semaines, ce ne sont pas moins de 800 Kg de viande provenant d’animaux abattus frauduleusement en Pologne qui auraient été expédiés dans neuf entreprises de négoce françaises.
Dans ce contexte, les questions de transparence et de traçabilité dans les filières alimentaires reviennent sur le devant de la scène et conduisent les entreprises à intensifier leurs efforts pour trouver des solutions innovantes afin de répondre aux risques d’image induiraient des pertes de clientèle.
C’est ainsi qu’elles se tournent de plus en plus du côté des nouvelles technologies et notamment de la Blockchain. En effet, les projets l’utilisant se multiplient. En particulier dans la grande distribution où les produits enregistrés à l’aide de cette infrastructure informatique, qui garantit de la transparence sur l’ensemble de la chaîne de production. Celle-ci aurait un impact positif sur leurs ventes, directement lié au niveau de confiance résultant.
Pour rappel, une blockchain dite d’entreprise (“avec permissions”) est une base de données transactionnelle distribuée et sécurisée, construite par consensus, combinée à un système de contrats auto-exécutés (« smart contracts ») sur la base d’une logique métier.
Cette infrastructure présente deux avantages majeurs comparativement aux bases de données centralisées traditionnelles.
● Elle garantit l’intégrité et la traçabilité en temps réel des données, permettant une collaboration efficace et transparente entre les utilisateurs,
● Elle permet d’automatiser et de sécuriser des processus grâce à l’auto-exécution de contrats avec des gains d’efficacité.
Grâce à ses propriétés, la blockchain offre des avantages concurrentiels en permettant de travailler avec ses partenaires et clients de manière plus efficace et plus transparente. Automatiser des tâches et fluidifier les processus métier tout en enrichissant les relations de confiance avec des tiers représentent des objectifs cruciaux pour les distributeurs.
C’est le cas pour l’américain Walmart qui s’appuie sur la solution IBM Food Trust, développée sur la base de la technologie Hyperledger Fabric. Ce consortium rassemble aujourd’hui aussi bien des fournisseurs comme Unilever ou Nestlé que d’autres distributeurs tel Carrefour.
En conclusion, la technologie Blockchain représente une vraie opportunité pour les entreprises. En effet, le déploiement de nouvelles infrastructures informatiques permettrait de simplifier les procédures et réduire les coûts logistiques tout en améliorant la communication et la coordination entre les entreprises.
En co-écriture avec Maxime Jeantet et Marc Durand, de Kapalt, Hugo Rakotoarisoa et Laszlo Szabo, de SkillZ. Kapalt est une société qui accompagne les entreprises à travers la compréhension et le développement de solutions blockchain / DLT. SkillZ propose de leur rendre la technologie accessible avec un produit de blockchain as a service (BaaS).
Publié dans https://www.thecointribune.com/actualites/les-applications-de-la-blockchain-dans-le-monde-de-la-tracabilite/
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